posté le 9-decembre-2015
Les compléments alimentaires dans le collimateur des autorités sanitaires
Plusieurs instances européennes et françaises s'inquiètent de l'arrivée massive de compléments alimentaires, qui prouvent rarement leur efficacité.
A l'approche de l'hiver, il n'est pas rare que les Français se tournent vers les compléments alimentaires pour passer la saison. Plus d'un quart des femmes et 15 % des hommes prennent régulièrement des compléments alimentaires, selon une étude publiée dans le British Journal of Nutrition en février 2013. Sous forme de comprimés, gélules, pastilles, ampoules, tisanes, ces compléments vous promettent de vous relaxer, de reprendre des forces ou de faire disparaître les kilos superflus.
Pourtant, les compléments alimentaires ne tiennent pas toujours leurs promesses. D'après une enquête du Parisien, l'Efsa, autorité européenne de sécurité des aliments, a évalué leur efficacité et estimé qu'une majeure partie d'entre eux ne présentait aucune garantie de résultats. Parmi les produits épinglés, on retrouve le "XLS Medical bloqueur de glucides" d'Omega Pharma. Ce dispositif", censé vous faire "perdre du poids efficacement", contient de la phaséolamine, un extrait d'haricots blancs dont l'efficacité est contestée par l'Efsa. La gamme minceur "Topslim" du fabriquant Oenobiol est aussi dans le collimateur de l'agence qui n'approuve pas les effets du Chitosane, substance extrait de carapace de crustacés, sur le poids.
Une faille réglementaire à l'échelle européenne
Alors comment les fabricants arrivent-ils à les commercialiser ? Grâce à une faille réglementaire. Au lieu de vendre leurs produits sous le statut "compléments alimentaires", ils s'inscrivent dans la catégorie "dispositif médical". En optant pour ce statut, la procédure de validation est beaucoup plus souple : le certificateur ne regarde que la sécurité du produit et sa nocivité, pas son efficacité.
L'agence du médicament s'est également saisie de ce dossier. "Certains compléments alimentaires se présentent comme des dispositifs médicaux alors qu'ils revendiquent des visées purement esthétiques : il y a quand même une différence entre un produit qui vous propose de mincir et un autre qui permet de traiter l'obésité", explique-t-on à l'ANSM, qui, à côté des médicaments, surveille aussi les dispositifs médicaux (prothèses, béquilles...). Résultat : "ce sujet a été porté au niveau européen il y a un mois pour que la Commission européenne prenne une décision", déclare-t-on à l'ANSM, confirmant une information du Parisien. Selon l'agence, ces produits devraient être rattachés à la réglementation sur la nourriture.
"Cocktail vitalité" : méfiez-vous des slogans vagues
Chargé de mission à l'association de consommateurs CLVC, Charles Pernin déclare à MYTF1News que l'association compte mener une action en justice pour publicité mensongère. En attendant, comment identifier ces produits "mensongers" dans les rayons des pharmacies et des grandes surfaces ? "De manière générale, le marketing exagère les effets des compléments alimentaires, explique Charles Pernin. Ensuite, il faut toujours se méfier de ces slogans vagues. Quand vous lisez 'Cocktail vitalité' sur une boîte, soyez prudents. Enfin, vous pouvez demander conseils auprès de votre médecin", ajoute le spécialiste.
Ce n'est pas la première fois que les compléments alimentaires font parler d'eux. Cet été, une chercheuse toulousaine a alerté l'Agence du médicament et la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) sur des produits contre les troubles de l'érection. Myriam Malet-Martino, professeur à l'Université Paul-Sabatier, a révélé des analyses de laboratoires menées en 2009 sur 165 pilules érectiles : 71% contenaient des substances actives qui auraient dû faire l'objet d'une autorisation de mise sur le marché (AMM), comme pour un médicament.
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